lundi 1 mai 2017

Porcelaine de Limoges

Avant d'achever ce très succinct tour d'horizon de cette saga de l' Art du Feu, alors que nous avons pu comprendre combien cette production ne pouvait subsister qu'avec l'aide des grands des siècles passés, il faut se pencher sur la manufacture de Limoges  qui ne travailla pas non plus en toute paix dans son coin du centre de la France.
(Je remarquerai au passage que Fouque Arnoux a su se débrouiller tout seul). 

 A Limoges donc l'intendant de la Généralité de Limoges, Turgot de l'Aulne comprend très vite ce que l'industrie porcelainière peut apporter à sa région.
Sans doute, en tout cas il faut l'espèrer,  il ne l'oublia pas lorsqu'il devint l'intendant des finances de Louis XVI.
 Après la découverte du kaolin de St Yriex( et je vous avais promis de vous raconter les circonstances de cette découverte) Massié déjà faïencier s'associe avec Grellet pour fonder une manufacture florissante jusqu'à nos jours.


  Limoges (manufacture du Comte d'Artois (1774-1784) Musée Adrien Dubouché

  A St Yrieix, en 1765, vivait au Clos des Barres, Madame Darnet.
Elle employait pour faire sa lessive une argile blanche et onctueuse .
Son mari, chirurgien de son état, avait pour ami un apothicaire  de Bordeaux, Villaris, proche de l'Archevêque de Bordeaux grand amateur de céramiques.
Faut-il imaginer un branle-bas national où toutes les conversations s'alimentaient de l'arrivée de ces porcelaines de Chine  ? 
Toujours est-il que Villaris en parle à Darnet qui reconnait dans  les échantillons qui lui sont soumis, la terre que sa femme emploie pour sa lessive.
On s'empresse d'envoyer à Sèvres pour analyse cette terre limousine qui se révèle être ce kaolin tant recherché et l'affaire est vite bouclée, Villaris achète les terres de St Yrieix au nom du roi et Darnet en devient l'intendant.
 Pour Grellet et Massiè les choses ne sont pas faciles  et après tout pouquoi ne pas revendre la manufacture à Sèvres, qui s'y refuse .
Celle-ci faisait manufacturer les pièces en blanc à Limoges pour les décorer ensuite à Sèvres. 
Il y avait donc collaboration sinon concurrence  ; Alluaud qui succède à Grellet ne se prive pas non plus de vendre ses porcelaines blanches à d'autres manufactures et pendant la Révolution ce sont trois de ses ouvriers qui rachètent la fabrique ;  Joubert, Cacatte et Joly.
Ce ne fut bientôt plus la seule et si ses décors sont influencés par d'autres manufactures, elle est détentrice d'une spécialité" le rose de Limoges".


                                                                   Collection privée Photo Isarde




 Citons quelques unes ce ces autres fabriques ;  Monnerie en 1795 ancien de la manufacture du Comte d'Artois en 1792 ;  Baignol transfuge de La Seynie et de St Yrieix : Pierre Tharaud en 1819 ( dont un descendant est encore fabricant à l'époque actuelle) en 1829 la fabrique Ruaud et celle de Valin et Aaron en 1835.
 Au XIX ème l'extension est massive, on trouve des manufactures dans toute la région limousine ; Poissac, Rochechouart, Saint Brice, Sauviat, Solignac etc.
Les parisiens Honoré et Dagoty oeuvrent à  La Seynie et le marquis de Bonneval installe encore une autre fabrique à Coussac.
 Celui-ci répond à Louis-Philippe  qui le moquait de sa nouvelle profession:
" Eh! Mon Dieu, Sire ! j'ai vu tant de gens faire du plat chez vous que je suis allé chez moi faire des assiettes".
Arrivée remarquée et triomphale de l'américain David de Haviland  en 1842 qui fera passer un vent de modernité sur la porcelains de Limoges, et encore de nos jours.
 Il est curieux mais désolant à la fois de voir que ces commerces finissent toujours par s'essouffler
 la concurrence venant parfois du sur place avec du matériel plus récent.



                                  Collection Privée photo Isarde




http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6115049h

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